Extrait
« La semaine d’avant la venue de Milo Svetlana avait pris un sens interdit sur un boulevard à trois voies, désert ce jour-là, si bien qu’elle était perdue lorsqu’elle s’est engagée depuis le carrefour où elle se trouvait. Manque de chance la police l’avait arrêtée. Le policier lui énuméra toutes les fautes, le montant total de l’amende qui s’élevait à plus de cent euros, un retrait de permis de huit mois et la nécessité de repasser par l’école de conduite. Ce fut très naturellement que l’agent l’accompagna jusqu’au distributeur de billets de banque. La transaction s’opéra de main à main. Tous expliquèrent que cet agent garderait cinq ou dix euros. Il donnerait le reste à son supérieur hiérarchique qui retiendrait la même somme. Et ainsi de suite jusqu’au chef suprême de la police. Ce dernier pouvait posséder une villa sur la Côte d’Azur, un appartement en Turquie, une datcha près de Sotchi, une énorme Mercedes, sa femme et ses enfants, des modèles très coûteux de voitures. Évidemment, chacun savait qu’un salaire de fonctionnaire, si haut placé soit-il, ne permettait pas un tel train de vie. Cependant, cette situation perdurait dans tous les corps d’administration, les impôts étant sûrement[…] »
Extrait de: BORIS GEISER. « LA DOUCE TORPEUR. »