Extrait
« Il réfléchit puis se pencha en avant d’un air appliqué, les sourcils levés, la bouche légèrement entrouverte, la lèvre inférieure relâchée et nota en alinéas
-Une grève a paralysé l’entreprise plusieurs semaines.
-L’étendue de la grève a réussi à atteindre une grande partie de l’encadrement.
-À l’origine de la grève : une série de licenciements annoncés.
-Pourquoi cet objectif de licenciements ? Des intentions à éclaircir.
-Une crise qui s’est amplifiée par l’écho des médias.
-Une déclaration jugée par certains, maladroite, du ministre de l’Économie. Il a affirmé que l’État n’y pouvait rien. Que la richesse des plus audacieux est seule à pouvoir générer des emplois au profit de ceux qui n’ont pas ou peu de responsabilités dans leur travail ou dans la vie de la cité. Ou qui n’ont pas eu le courage de créer leur entreprise. “Devenez patrons si vous ne voulez pas être licencié.“
-Une proportion inhabituelle de grévistes.
-La grève s’est brusquement arrêtée d’elle-même, sans négociation, sans explication. On a même constaté des réunions spontanées d’organisation de la production dans plusieurs ateliers, et plusieurs services de l’encadrement.
-Le DG Sterk s’est intéressé à ce brusque changement, mais s’est vu opposer une hostilité silencieuse. Ce fait inhabituel[…] »
Extrait de: BORIS GEISER. « LA DOUCE TORPEUR. »