Extrait
« Loïc poursuit son enquête
Peut-être était-ce parce qu’il était en train d’écouter le Concerto d’Aranjuez dont l’adagio distillait cruellement sa tristesse, Loïc Mongars se sentait brassé, allongé sur le lit de sa chambre d’hôte en cette fin de journée. Il repensait à cette histoire que lui avait racontée Mado dans l’après-midi.
Jean-Pierre Herssin-Quantedeu lui avait suggéré de rencontrer cette tante de Milo qu’il connaissait bien, puisqu’elle habitait la maison.
Il imaginait parfaitement la scène racontée par Mado. Ces couloirs de classes maternelles, vastes halls d’entrée assez larges pour que les enfants puissent déposer leurs manteaux, leurs chaussures, et attendre l’heure des mamans en jouant :
Années quatre-vingt.
Il pleut. Gisèle, l’institutrice de l’école maternelle de Montournais, a le ventre serré. La classe est finie pour aujourd’hui. Les parents viennent récupérer les petits. Les averses ont chassé le soleil, se succèdent, et redoublent d’intensité depuis une heure. Elle sait. La mère des jumelles Aurore et Stéphanie, quatre ans, va arriver les chercher. Elle sait, mais que faire ? Des larmes perlent à la commissure de ses yeux. Elle les essuie discrètement de l’index. Elle serre ses mains poing contre poing. Elle inspire lentement pour libérer l’étau[…] »
Extrait de: BORIS GEISER. « LA DOUCE TORPEUR. »
Le Concerto d’Aranjuez
écouté par Loïc
La séquence
illustrée en vidéo